
Emma Santos
En 1976, la jeune écrivaine Emma Santos (1946-1983) rencontre les éditions des femmes qui lui offrent leur accueil indéfectible. La réédition en poche en 1976 de La Malcastrée, qu’avait publié Maspero en 1973, lui permet de se faire connaître. Très rapidement sont édités ensuite J’ai tué Emma S. (illustré par l’autrice), L’itinéraire psychiatrique puis La Loméchuse (réédition, en 1978). En 1976 et 1977, Claude Régy la met en scène au théâtre de la Gaîté lyrique, où elle lit un texte écrit par elle, Le Théâtre d’Emma Santos, également publié par des femmes. Plus tard, en 2006, après son suicide à l’âge de 39 ans en février 1983, les mêmes éditions publieront Effraction au réel, texte inédit.

Emma Santos
L'Itinéraire psychiatrique
L’entrée dans le système d’hospitalisation psychiatrique d’Emma Santos.
En 1967, Marie-Anne Le Rozick, alias Emma Santos, est mise en arrêt de travail pour cause de dysfonctionnement thyroïdien. Pour que cet arrêt soit indemnisé par la Sécurité sociale, son médecin la déclare en dépression nerveuse. Cela entraîne une obligation de suivre des traitements en hôpital psychiatrique de jour.
À travers son parcours, l’autrice dénonce la déshumanisation et la violence du système médical des années 1960. Elle montre en quoi la psychiatrie a promu, sous couvert de progrès, la « camisole chimique ». Les psychiatres voient son écriture comme un symptôme de sa maladie et la sédatent pour l’empêcher d’écrire. Mais loin de se laisser écraser par l’autorité des psychiatres et désireuse de quitter le « pays du silence », Santos utilise l’écriture comme un acte de résistance et de survie. Par ses mots, elle cherche à reconquérir son corps et sa voix, défiant l’enfermement, l’amour déçu et la souffrance.
Ce livre est un cri de liberté contre un système oppressif, et un manifeste pour la parole, la littérature et l’autonomie féminine.
Plus qu’un témoignage, L’itinéraire psychiatrique est une réflexion poignante sur la condition féminine, la maladie mentale et le pouvoir de l’écriture face à l’adversité. Un ouvrage essentiel pour comprendre la psychiatrie, la souffrance et la quête d’identité.
Je voudrais tenter d’expliquer mon entrée en psychiatrie, huit années en psychiatrie en commettant les mêmes erreurs que les psychiatres, en chosifiant le malade, en me chosifiant, oublier le milieu qui m’entoure, c’est-à-dire l’amour qui a fui, mes romans, mon métier d’enseignante qui a déterminé le choix des médecins. Je sais que je ne parlerai que de l’amant qui m’a dévorée, que de la littérature qui m’a détruite… Je suis seule…
J’écris au lit avec une machine. J’ai définitivement perdu le corps. J’espère le retrouver par les mots… E.S.
Parution de l’édition de poche le 13 novembre 2025
- Novembre 2025 (Broché 1977)
- 132 p.
- 7,50 €
- EAN 9782721000934
- Poche 132 p.
- 6,50 €
- EAN 9782721014474
- Ebook 4,99 €
- EAN 9782721014481
La Presse en parle
De qui peut-elle parler, Emma Santos, sinon de lui, Carlos, l’amant qui l’a détruite? C’est à lui qu’elle s’adresse, c’est lui qu’elle implore, qu’elle maudit, qu’elle harcèle, qu’elle dévore et qu’elle vomit dans des livres qui sont autant de lettres secouées par la passion, portées par la fureur, en même temps que tragiquement dérisoires, car leur destinataire ne les recevra jamais. Par amour pour lui, le peintre étranger, Emma Santos est entrée dans le système psychiatrique. (…) Obsessionnellement, elle tente d’accoucher d’elle-même. En dépit de tout. Pour ne plus être un médicament qui se vend. Pour que le visage aimé ne recouvre plus l’univers. Pour pouvoir saluer l’aurore seule. Et, peut-être, pour un jour ne plus avoir à écrire ; ne plus avoir à exhiber sa passion-folie.
Roland Jaccard, Le Monde, 1er janvier 1977
Bibliographie
Aux éditions des femmes-Antoinette Fouque
- Le Théâtre, 1977
- La Loméchuse, 1978
- Effraction au réel, 2006
- La Malcastrée, 2021
- J’ai tué Emma S., 2023 (Broché 1976)
- La punition d’Arles, 2025
Autres éditeurs (bibliographie sélective)
- L’Illulogicienne, Flammarion, 1971
- La Punition d’Arles, Stock, 1975, rééd. 2001
- Le Mensonge – Chronique des années de crise, Ed. Encres
- Écris et tais-toi, Stock, 1978, rééd. 2001.