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Simone Weil et María Zambrano

Vendredi 9 décembre 2022 - 10h30/12h30 et 15h/18h
Instituto Cervantes de Toulouse 31, rue des Chalets 31000 Toulouse

Parcours de lectures et d’écritures autour de Simone Weil et María Zambrano. Les éditions des femmes-Antoinette Fouque ont publié trois livres de María Zambrano et sont heureuses de vous informer de cette rencontre réunissant la pensée de deux grandes philosophes.

ATELIER DE LECTURE
Simone WEIL • Maria ZAMBRANO
Parcours de lectures et d’écritures
vendredi 9 décembre 2022
De 10h30 à 12h30
Robert CHENAVIER (Passy-Marlioz)
La métaphore, un mode de connaissance
Stefania TARANTINO (Naples)
La pensée « anti-système » de Maria Zambrano et de Simone Weil
De 15h à 18h
Laura BOELLA (Milan)
Repenser la compassion et la pitié avec Simone Weil et Maria Zambrano
Rosa RIUS GATELL (Barcelone)
Notes sur le rôle de l’art chez Maria Zambrano et Simone Weil
Dominique DELPIROU (Soubès)
Maria Zambrano et la France. Une relation en demi-teinte

Rencontre organisée par le Centre Joë Bousquet et son Temps
et l’Association pour l’étude de la pensée de Simone Weil
Inscriptions & Informations : centrejoebousquet@wanadoo.fr – 04 68 72 50 83
Télécharger le dépliant de la rencontre

Simone Weil & María Zambrano
María Zambrano affirmait que «l’écrivain n’a pas à mettre en avant sa personne bien que ce soit d’elle qu’il tire ce qu’il écrit». C’est le premier point de rencontre, essentiel, entre María Zambrano (1904- 1991) et Simone Weil (1909-1943). Celle-ci ne craignait-elle pas que sa personne porte préjudice aux idées qui se trouvaient «être en [elle]» et qui valaient «beaucoup mieux [qu’elle]»? Une idée commune unit les deux philosophes: recevoir le vrai plutôt que le chercher; l’esprit doit être en mesure de se rendre passif, de faire le vide et d’accueillir l’empreinte du réel. Le terme desnacimiento («dénaissance») chez María Zambrano n’évoque-t-il pas celui de «décréation» chez Simone Weil, un processus analogue de déconstruction de sa propre naissance, de sa propre existence et de ce «moi» qu’elles ne supportent ni l’une ni l’autre?
Il s’agit de repérer d’autres points d’intersection sur des lignes de pensée qui, même lorsqu’elles prennent des directions différentes, révèlent une parenté.
Exercer l’attention et déchiffrer la trame du réel, répondre à l’appel de la réalité qui exige une prise de position, un engagement, ce furent des préoccupations communes à María Zambrano et Simone Weil. Toutes deux, par exemple, aimaient s’identifier à Antigone. D’autres figures pourraient donner lieu à un parallèle significatif entre les deux femmes de pensée, comme ces fous qui sont les seuls personnages qui disent la vérité, ou le génie qui extravague toujours. Elles orientent leur attention vers la «source pythagoricienne» et sa notion de l’harmonie; elles sont sensibles à la mystique de Jean de la Croix; elles considèrent l’histoire du point de vue des vaincus, et non à partir du récit des vainqueurs. Elles sont sensibles à la force de ce qui est faible. Ces ouvertures voisines font converger leur philosophie et leur poétique. Enfin, si la réflexion philosophique est aussi une recherche spirituelle chez toutes deux, leur religion n’implique aucune appartenance à une Église, tout en affirmant un lien fort avec un catholicisme authentique. Certes, la notion de déracinement l’emporte, chez Simone Weil, sur celle d’exil, essentielle chez María Zambrano, mais l’exil ou le malheur nous font tomber sous le coup d’une nécessité voisine, empêchant l’enracinement. Du malheur comme de l’exil il faut faire un bon usage, un usage spirituel.
En complétant le nombre de points repérés et en les reliant, peut- être serait-il possible de tracer un chemin d’aller et retour entre Simone Weil et María Zambrano, une ligne «entremettrice» qui amène un accord. Robert Chenavier

María Zambrano, figure majeure de la philosophie espagnole du XXe siècle, est née en 1904 à Velez-Málaga, en Andalousie. Elle se forme à la philosophie à l’Université de Madrid, où elle devient la disciple et l’assistante de José Ortega y Gasset, et se lie d’amitié avec des poètes, dont Federico García Lorca, Luis Cernuda ou Miguel Hernandez. Elle a 26 ans lorsqu’elle publie son premier livre, Horizonte del liberalismo. Lors de la guerre civile, elle s’engage activement aux côtés de la République. La défaite de 1939 la conduit à s’exiler d’abord en Amérique latine, à Mexico, Cuba, Porto Rico, puis en Europe, en France, en Italie enfin en Suisse. Avec d’autres questions essentielles, telle la «raison poétique», elle fera de l’exil une source inépuisable de réflexion au point qu’elle lui consacrera plusieurs ouvrages et qu’elle finira par le considérer comme «sa patrie». En 1984, neuf ans après la mort de Franco, elle acceptera de rentrer en Espagne. À la fin de sa vie, elle rappelait que son premier «voyage décisif» (son premier exil?) ce fut ce déplacement qui l’élevait du sol jusqu’au front de son père : «Je ne pouvais aller plus haut, ni plus bas. C’était mon voyage, mon aller-retour». Dominique Delpirou

María Zambrano, orientation bibliographique :
De l’aurore – L’éclat – 1989
Sentiers – Éditions des femmes-Antoinette Fouque – 1992
Délire et destin : les vingt ans d’une Espagnole – Éditions des femmes-Antoinette Fouque – 1997
Philosophie et poésie – Corti – 2003
Les rêves et le temps – Corti – 2003
L’Homme et le divin – Corti – 2006
L’inspiration continue (Essais pour les perplexes) – Éditions Millon – 2006

La confession, genre littéraire – Éditions Millon – 2007
L’agonie de l’Europe (Essai) – Circé – 2011

Et aussi aux Éditions des femmes-Antoinette Fouque :
Notes pour une méthode – 2005