Fadéla M’Rabet, héroïne du féminisme algérien

Adieu à notre chère amie, et grande héroïne Fadela M’Rabet. Elle a été l’une des premières féministes en Algérie, docteure en biologie, écrivaine et journaliste.

Fadéla M’Rabet (1935-2025), née à Skikda (Algérie). Après son doctorat à Strabourg, elle anime en Algérie, avec son mari Maurice Tarik Maschino, des émissions de radio où elle répond aux appels au secours des victimes de mariages forcés, de répudiation, de polygamie. Radiée de l’enseignement en 1967, privée, comme son mari, de ses émissions, elle s’exile avec lui en France en 1971. Maître de conférences et praticienne des hôpitaux à Paris, Fadéla M’Rabet poursuit ses activités féministes et publie un certain nombre d’ouvrages.
Consultez sa biographie dans le Dictionnaire universel des Créatrices en ligne.

Une femme libre
« Fadéla M’Rabet s’en est toujours pris aux intégrismes de tout bord et n’a jamais hésité à accuser les femmes qui portent le ‘hidjab’ de capituler, de cesser de se battre, elle a écrit sans hésiter : «Ce sont des capitulardes». [..] Elle a dénoncé la bigamie et a revendiqué la solidarité des femmes africaines entre elles. La lutte pour la liberté, pour l’émancipation reste une lutte de tous les instants disait-elle, car les idées intégristes ne cessent pas de proliférer. » EL Watan, Benaouda Lebdai, 15/05/2025

Pionnière du féminisme algérien
« «Les hommes les plus progressistes – même les marxistes -, quand il s’agit de la femme, sont réactionnaires», disait-elle, en 1968, pour évoquer une misogynie qui s’étendait bien au-delà des milieux religieux conservateurs. […]
Tout au long de sa vie, Fadéla M’Rabet n’aura cessé de dénoncer les violences faites aux femmes algériennes, d’appeler à un islam éclairé, à l’éducation et à l’égalité. Son combat, forgé par l’exil, l’injustice et la lucidité, aura été une quête constante de vérité et de justice. » Le Monde, Hamid Nasri, 15 mai 2025

Féministe, écrivaine, pionnière
« Fadéla M’Rabet s’est éteinte à 90 ans, le 14 mai 2025. Militante pour l’indépendance de l’Algérie, elle a aussi lutté sans relâche pour les droits des femmes, dénonçant le patriarcat au sein même du Front de Libération Nationale. » Brut, 16 mai 2025

Bibliographie
Fadéla M’Rabet a publié aux éditions des femmes-Antoinette Fouque :
Le chat aux yeux d’or, Une illusion algérienne, 2006
La Salle d’attente, 2013
Et chez d’autres éditeurs :
La Femme algérienne, (Maspero, 1965)
Les Algériennes, (Maspero, 1967)
L’Algérie des illusions : la révolution confisquée (Robert Laffont, 1972),
Une enfance singulière (Balland, 2003)
Une femme d’ici et d’ailleurs (Aube, 2005)
Le Muezzin aux yeux bleus (Riveneuve, 2008),
Alger, un théâtre de revenants (Riveneuve, 2010),
Le Café de l’imam (Riveneuve, 2011)
Une poussière d’étoile, (Dalmen, 2014)