Erika Kaufmann

Transfert

Traduit de l’italien par le collectif de traduction des femmes

Une analyse reste secrète. Ça se dit, ça s’écoute, ça ne s’écrit pas. Le dire englouti dans le silence, parfois capitalisé dans le savoir de l’analyste. L’inconscient de nouveau chassé, il y a perte de révolte. De lutte. Mon inconscient réclamait une parole, une écriture. J’écrivais des lettres à mon analyste.
D’une enfance empoisonnée d’interdits que je ne comprenais pas. D’une famille bourgeoise, comme tant d’autres, que je vivais comme un lieu de mort. Où j’apprenais à haïr mon sexe et donc ma mère et donc moi-même. Et à aimer mon père, sans pouvoir m’en libérer. De la fuite dans la fausse liberté du travail, de l’émancipation sans libération, de la tromperie de l’amour. Le désir d’abattre les règles, les tabous, de ne pas tuer le père, d’en sortir avec l’inceste. Faute de l’inceste réel, au moins l’imaginaire avec l’analyste. Et dans le miroir, les mécanismes répressifs, oui, je m’assujettissais, avec tant de masochisme, pour me retrouver.

  • 1975
  • 531 p.

La Presse en parle

Pour la première fois dans Transfert une femme ose parler ouvertement – et non dans un exposé scientifique – de cet Œdipe qu’au cours de toute analyse le patient doit affronter. (…)
Dans son roman – qui est aussi document, essai, pamphlet – Erika Kaufmann reconnaît et traite avec franchise le problème posé aux femmes par la relation au père, par l’identification généralement inconsciente de l’homme aimé au père, et par les troubles que cette identification peut provoquer.
Claude Bonnefoy, Les Nouvelles littéraires, 9 juin 1975